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Des virus néandertaliens retrouvés dans notre ADN

Notre ADN porte des virus qui étaient également présents chez l'homme de Néandertal. Tel est le surprenant résultat obtenu par des généticiens britanniques.

Notre ADN contient des virus qui étaient également présents dans l'ADN de l'homme de Néandertal, révèle une étude publiée le 18 novembre 2013 dans la revue Current Biology.Ce qui suggère que ces virus proviennent d'un ancêtre commun à Néandertal et Sapiens, qui vivait il y a 500 000 ans au moins.

Ces virus également possédés par Néandertal sont en réalité des rétrovirus endogènes, c'est-à-dire qu'ils sont contenus dans l’ADN, et se transmettent par conséquent de génération en génération.

Pour parvenir à ce résultat, le généticien Gkikas Magiorkinis (Université d'Oxford, Grande-Bretagne) et ses collègues ont comparé l'ADN ancien issu de fossiles néandertaliens à des échantillons d'ADN prélevés sur des patients atteints du cancer. Au cours de ces travaux, ils ont également comparé ces échantillons à de l'ADN ancien provenant d'ossements appartenant à l'homme de Denisova (un « cousin » de l'homme de Néandertal dont l'existence a été révélée en 2010 à la suite de la découverte d’ossements vieux de 40 000 ans environ d'un enfant de 7 ans dans la grotte de Denisova, en Sibérie).

Résultat ? Le généticien Gkikas Magiorkinis et ses collègues ont découvert que des séquences de rétrovirus endogènes présents dans l'ADN de l'homme de Neandertal et de l'homme de Denisova étaient également présents dans l'ADN prélevé sur les volontaires ayant participé à l'expérience.

Plus précisément, ces rétrovirus endogènes (appartenant à tous une famille de virus appelée HML2, actuellement suspectée de constituer une forme de prédisposition génétique au sida et au cancer) ont été retrouvés au sein de la partie non codante de l'ADN des volontaires : cette partie de l'ADN qui ne code pour aucune protéine, parfois appelée ADN poubelle (lire « Des généticiens explorent la "matière sombre" du génome »), représente plus de 90 % de notre ADN.

Il est à noter que la présence de rétrovirus endogènes dans la portion non codante de notre ADN est un fait connu depuis longtemps des généticiens : il est estimé que ces rétrovirus endogènes constituent en moyenne 8 % de la portion non codante de notre ADN. Si, la plupart du temps, la présence de ces virus contenus dans notre ADN n'a aucune conséquence particulière sur la santé, ils pourraient toutefois, lorsqu'ils sont activés par des facteurs externes, être impliqués dans la survenue du sida et du cancer.

Grâce à ces travaux, les auteurs de l'étude espèrent ainsi pouvoir mieux cerner le véritable impact sur la santé de ces rétrovirus endogènes. Ils ont ainsi l'intention, au cours de prochains travaux, d'évaluer la prévalence de ces rétrovirus endogènes au sein de la population générale : s'il s'avère que ces derniers sont extrêmement répandus, alors cela signifiera qu'ils n'ont aucun impact important sur la santé humaine (sinon, ils n'auraient pas pu se diffuser aussi largement dans la population). En revanche, si ces travaux à venir révèlent que ces virus sont moins répandus que prévus, alors cela pourrait signifier qu'ils ont un impact négatif sur la mortalité humaine.

Ces travaux ont été publiés le 18 novembre 2013 dans la revue Current Biology, sous le titre "Neanderthal and Denisovan retroviruses in modern humans".

http://www.journaldelascience.fr/homme/articles/virus-neandertaliens-retrouves-notre-adn-3336

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